Ses « cônes » aux faces noircies et grisonnantes, ou totalement couleur ébène, s’alignent sur les étagères de son atelier, au rez-de-chaussée de l’ancienne maison de Panpan Devaux. Les pièces accrochent divinement la lumière pâle hivernale, conséquence du long travail de polissage consenti par Marie-Claude Meuley sur ses créations nouvelles. « Il y a un rapport sensuel avec la terre afin d’obtenir des surfaces très lisses. Après, je joue avec le feu et la fumée, en ajoutant matières organiques, oxydes, chlorures pour laisser des traces qui, à un moment, vont me toucher et me donner envie de les faire voir », explique la Lunévilloise. La dernière fois qu’elle a révélé ses pièces au public, c’était au marché de Noël du P’tit baz’art, à Nancy, dont elle est une habituée depuis une dizaine d’années.

Lancée depuis 5 ans

A Lunéville, sa dernière exposition remonte au milieu des années 2000. Marie-Claude Meuley avait alors posé ses « sphères », aux formes arrondies et martelées d’un blanc immaculé, au Jardin de l’abbé. « Je travaillais plus sur l’accumulation. Aujourd’hui, je suis plus sur la trace, je recherche des effets apportés par l’enfumage », observe la quinquagénaire aux yeux bleus.
En 2012, la céramiste a pris la décision de voler de ses propres ailes, en montant son auto-entreprise. Elle se consacre à la création de ses pièces et partage son expérience en donnant des cours à la MJC Desforges à Nancy, à la MJC Jacques-Prévert de Lunéville et anime un atelier thérapeutique aux Arcades. Elle a choisi ses lieux « pour les valeurs qu’ils portent, en termes d’échanges, de partage, d’expérimentation ».
Des endroits qui ne sont pas sans rapport avec sa vie d’avant, en qualité de directrice de MJC, à Dieuze notamment. Marie-Claude Meuley a également été employée à la mairie de Lunéville, au service communication et au service culturel.

Céramiste « par vagues »

Jusqu’à ce que cette ancienne étudiante en psychologie sente, la quarantaine venant, que « quelque chose d’autre demandait à s’exprimer ». A cette époque, la Lunévilloise faisait la promotion d’autres parcours artistiques que le sien. « La terre est revenue comme un élan intérieur », analyse celle qui dit avoir été, au cours de sa vie, « céramiste par vagues ».
Gamine, elle avait toujours « envie de toucher, de travailler » la matière. Après sa première année de fac, qui ne l’avait pas séduite, elle a suivi une formation chez un potier de la région dijonnaise. « J’étais jeune fille au pair. J’ai appris la terre, à tourner. Je suis ressortie enchantée de cette expérience qui correspondait à ma première idée de projet professionnel, quand j’étais adolescente. Je n’ai pas poursuivi, j’ai écouté les conseils afin de ‘’trouver un vrai travail’’ et j’ai gardé la terre en parallèle », rapporte l’artiste au cœur du local du centre ancien devenu son atelier depuis 10 ans.
Avant de retourner à son premier vœu, Marie-Claude Meuley a consolidé son savoir, à Saint-Amand-en-Puisaye, puis auprès de céramistes, en France et en Belgique. Jusqu’à trouver la ligne directrice de sa démarche artistique qui débouche sur « quelque chose qui arrive comme ça, sous les doigts et dans mon imaginaire ».
Pascale BRACONNOT